Franco Fagioli, le castrat contrefait

Cet article devait initialement être publié sur l’ancienne mouture de ce blog en 2010, mais mon entrée dans la vie salariale ayant arrêté net mon activité de blogueur, il est toujours resté dans les limbes de mon ordinateur. Avec le nouveau positionnement de ce blog et en raison de la notoriété acquise par le bonhomme depuis, il était tout naturel que j’inaugure ce nouvel espace virtuel avec un hommage à celui qui porte haut la gloire des contre-ténors. Fagioli_16Aimer cette voix m’a pris du temps. D’abord parce que je l’ai découverte avant sa célébrité amenée par l’Artaserse de Vinci, quand sa voix n’était pas si assurée, il chantait Tolomeo dans Giulio Cesare au Théâtre des Champs Elysées alors. Ensuite parce que comme toutes les voix truquées, cela peut décontenancer (mais je ne critique pas ce trucage qui reste moindre que celui consistant à se faire couper les… hein, bon). Ma première réaction à l’écoute de sa voix se résumait à « c’est quoi ce gloubiboulga ? ». Ce n’est pas une voix que l’oreille éclaircit à la première écoute, son caractère très engorgé et la monochromie de son timbre font barrage, on entend surtout le trucage, le bruit des tuyaux. Une fois le premier geste de répulsion passé, on entend très vite l’extraordinaire sureté technique de l’artiste : c’est toujours juste, à sa place, net, pas de flou, parfaitement assertif, recherché, obtenu et assumé sans hésitation. La boite à outil du belcantiste est parfaitement maitrisée, la battue des trilles jamais esquivée. Et cette technique lui permet d’oser avec succès des descentes appuyées dans le grave et des envolées fulgurantes dans l’aigu qui ne sont ni anecdotiques, ni trompeuses : en salle la projection est remarquable jusque dans ces extrêmes. Quant au timbre, il est assez sombre et profond, cas rare pour un contre-ténor.

Enfin c’est le sens du drame que l’on entend : je ne parle pas seulement de la déclamation des récitatifs, du soin apporté à l’articulation ou même de l’intégration du poids des mots dans la musique ; Fagioli organise ses arias, rien n’est improvisé, il a compris que l’aria est une montée en puissance qui délivre ses charmes peu à peu, jusqu’au ravissement final. Comme Cencic, c’est dans le da capo qu’il emporte la mise, variant les reprises avec des effets toujours plus recherchés, dosés avec de plus en plus de générosité, jusqu’à la cadence où il n’hésite pas à alterner graves surpoitrinés et aigus fulminants. C’est d’ailleurs ce que l’on peut lui reprocher, un excès de zèle belcantiste, Romina Basso ou Vivica Genaux pèchent un peu au même endroit, ce qui nuit à la lisibilité des phrases ainsi surchargées, fascine certes mais flirte parfois dangereusement avec le yodel.

La voix de Franco Fagioli a aussi bien des ressemblances avec celle d’Alexandrina Pendatschenska : tout y semble condensé, tassé à la première écoute, très nerveux, au vibrato serré, en un mot qui n’existe que dans le langage des critiques et qui signifierait vibrionnant avec une largesse réfrénée: trémulant. Comme la trémulation provoquée par l’effroi ou le désir, cette voix rappelle constamment qu’elle n’est que viande lourde animée par le souffle de l’esprit, et parfois plus qu’animée, propulsée. A bien y réfléchir, beaucoup des artistes lyriques que j’affectionne illustrent cette trémulation.

Pour les détails biographiques, Franco Fagioli a… 33 ans : il en avait 22 quand René Jacobs l’a engagé pour son Don Chisciotte de Conti, 24 quand il était Giulio Cesare aux cotés de Cecilia Bartoli.

Son actualité est riche :

  • un Siroe de Hasse est prévu au disque à la rentrée mais il faudra se rendre à Vienne pour l’y entendre (à Versailles, c’est ME Nesi qui chantera ce rôle écrit pour Cafarelli). En voilà un avant-gout.
  • un récital à la salle Gaveau et à Ambronay dans un programme inédit d’airs que Porpora a écrit pour Farinelli, ce qui devrait lui aller comme un gant à en juger par sa performance dans Polifemo (sortie au disque également)
  • à Versailles dans le Catone in Utica de Vinci en juin 2015 (sortie en cd également) et pour son programme Caffarelli en récital
  • à la Philarmonie de Paris et à Poissy pour un Orfeo de Gluck déjà entendu à Boulogne (version de Vienne donc, mais avec l’ajout du “Addio miei sospiri” parce que ce serait très frustrant sans !)
  • un récital consacré à Velutti, dernier castrat de l’opéra est également dans les tuyaux
  • pour l’entendre dans une nouvelle prise de rôle il faudra aller à Francfor (Alidoro dans L’Orontea de Cesti) ou à Londres (Idamante dans l’Idomeneo de Mozart).

Après toute cette glose, voilà quelques exemples musicaux. Alors oui, il grimace beaucoup. Fagioli c’est un peu une Bartoli au carré ; la parenté est d’ailleurs bien plus que physique, c’est dans son giron qu’il a décollé (Giulio Cesare à Zurich, récitals en duo, Stabat Mater de Steffani) et sa façon appuyée de triller ou d’arquer les bras avant une longue vocalise est clairement inspirée de celle de Bartoli. L’expérience de la scène lui a permis de diminuer ces moues, et je suis certains que son assurance technique croissante lui permettra d’avoir la même tenue physique que vocale.

Morceaux choisis

Gluck, Ezio


C’est avec ce disque que j’ai pour la première fois pris conscience de son talent hors du commun: non seulement l’étendue est remarquable pour un contre-ténor (quoique les graves étaient alors moins sonnants qu’aujourd’hui), la vocalisation assurée mais la prosodie est étonnamment claire pour un air aussi retors et rapide.

Gluck, Orfeo

Handel, Teseo

A mon sens le meilleur Teseo de la discographie, même si on peut rêver beaucoup mieux dans les autres rôles.

Handel, Rodelinda

C’est le plus beau Bertarido que j’ai entendu. Le Vivi tiranno du même opéra balaye aussi la concurrence.

Hasse, Artaserse

Bon ok l’orchestre écorche un peu les oreilles, mais sinon ça laisse sur le cul non?

Porpora, Polifemo

Pour ce tube, on peut préférer des versions plus ethérées et il ne sait certes pas alléger sa voix dans les lamenti aussi bien que Bartoli ou scénariser l’air (le da capo n’offre que des variations dénuées de sens psychologique), mais pour une fois entendre une version dans le drame de cet air en renouvelle ma perception blasée. Les autres airs du rôle, plus brillants, lui vont cependant mieux je trouve.

Rossini, Aureliano in Palmira

Comme Cencic mais avec un volume sans doute supérieur (simple supposition, n’ayant entendu ni l’un ni l’autre dans ce répertoire en salle), le voilà qui chasse sur les terres des contraltos rossiniens et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas à pâlir de la concurrence. J’ai souvent des réserves sur les interprétations de Rossini par de chanteurs plus habitués au baroque : ce que l’on y gagne en intelligence et en raffinement ne comble qu’insuffisamment ce que l’on y perd en show-off et en impact. Or avec Fagioli, on a tout, manque peut-être simplement une plus grande variété harmonique, mais c’est pour chipoter tant il s’approche ici des contralto idéaux tels Marilyn Horne.  Et oui cet air a servi de base à la cavatine de Rosina dans Il Barbiere di Siviglia trois années plus tard.

Vinci, Artaserse

Le rôle qui a fait sa célébrité. Comme quoi dans le baroque, l’audace paye et chanter un rôle ardu d’un opéra inconnu vous rendra plus célèbre que d’enchaîner les Tolomeo dans Giulio Cesare. Cet air est le plus célèbre historiquement non seulement de l’œuvre mais de la carrière de son interprète, Carestini. Les baroqueux regrettaient amèrement son absence du disque hommage fait par Jaroussky et devaient se contenter d’une version coupée jouée lors d’un gala à Naples dans les années 80 et de la version de Simone Kermes qui y marche sur des œufs plus que sur la crête des vagues. Ici l’ampleur de la mer qui enfle est parfaitement illustrée par un interprète qui ne craint pas d’explorer les deux extrêmes de sa tessiture sans perdre sa ligne de chant, ce qui fait tout le prix de ce morceau qui n’est pas un air de tempête éperdu comme les autres puisque c’est un air d’avant la tempête où l’on doit sentir celle-ci menacer et avec elle les vagues enfler puis diminuer en permanence.

Handel, Riccardo Primo

Là aussi, difficile de penser à d’autres interprêtes qui sautent avec autant de verve sur cet air tandis que l’orchestre joue de façon aussi énergique et forte.

Conti, Don Chisciotte in Sierra Morena

Cet extrait à surtout des fins documentaires: tout jeune (l’un de ses premiers rôles), la voix n’est pas encore très étendue (dans le grave surtout), le timbre franchement gris et la vocalisation un peu pataude mais déjà très reconnaissable.

Discographie 

Je recommande de commencer bien sur par le superbe Arias for Caffarelli. Ce disque souligne avant tout le monstre vocal qu’il est : Caffarelli était réputé pour sa tessiture très étendue, ce qui a incité beaucoup de compositeurs à écrire des morceaux avec des écarts diaboliques sur de très courtes durées (ce que l’on appelle le canto di sbalzo) : amateurs de montagnes russes, accrochez vos ceintures ! Par contre niveau émotion, c’est un peu court, mais l’interprète original est plus à blâmer que celui qui lui rend hommage, tous les morceaux lents ou profonds sont transformés en démonstrations d’agilité vocale qui détournent du propos et font mieux comprendre l’aversion croissante que ce genre suscitera le siècle finissant. Néanmoins cela reste un des meilleurs récital-hommage consacré à un castrat, qui plus est accompagné par un orchestre explosif. Et d’ailleurs voici le bonus que vous ne trouverez pas sur le disque alors que c’est sans doute le plus bel air du recueil.

Pour l’émotion en plus de la virtuosité, on ira vers l’Artaserse de Vinci sorti en DVD: une production fanfreluche  non dénuée d’humour, des collègues tous à la hauteur et le tout dirigé par le plus grand chef d’orchestre baroque actuel.

Ensuite on arrive sur des disques pour lesquels son entourage est moins brillant mais qui méritent le détour au moins pour lui et l’orchestre: le Teseo de Handel, une oeuvre tout aussi passionnante et colorée ou bien la dernière version de l’Ezio de Gluck et son orchestration cataclysmique. A l’inverse, ce sont ses collègues et non l’orchestre qui font la valeur de la Berenice, oeuvre irrégulière de Handel mais avec des moments dramatiques assez forts comme son air principal; voir la critique que j’avais fait du concert à l’époque. Le Germanico n’a par contre rien d’interessant, le Stabat Mater de Steffani enregistré avec Bartoli ne lui offre que peu d’occasions de briller et l’Aureliano in Palmira est tout de même réservé à ceux qui veulent posséder tout Rossini.

Il existe aussi un récital Mozart-Handel enregistré dans sa jeunesse mais l’orchestre ne m’y enchante guère et ses airs sont un peu tous passés à la même moulinette sans grande variété, et le registre aigu est vraiment disgracieux. Un beau récital d’arias du XVIIème siècle où il est bon mais je trouve sa voix trop pesante pour ces pièces où il ne manque cependant pas de délicatesse.

Et j’attends avec impatience son prochain récital dédié à Porpora ainsi que la sortie d’une Concordia de Pianeti de Caldara dirigé par A.Marcon prévue pour octobre.

Son site: http://www.franco-fagioli.info
Pour suivre son actualité sur Twitter, le très bon fil d’un de ses fans: @fagiolista

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13 Responses to Franco Fagioli, le castrat contrefait

  1. Ombra di Bajazet says:

    Mais que vois-je ? On a relevé le rideau et rallumé les chandelles ?
    À votre santé, monsieur Licidas !

    Et puisque vous parliez de trémuler : « Il y a des moments où, pendant l’extraordinaire cérémonie, le petit frisson de la splendeur divine vous fait trémuler l’âme et où l’on se sent exalté, projeté hors de soi-même, si loin de la banalité du monde qui vous entoure ! » Ce n’est pas signé Emma Bovary mais Huysmans (merci le TLF).

    C’est vrai que le récital Mozart-Haendel chez Arte Nova ne m’avait pas fait imaginer comment la voix de Fagioli se développerait, et sa science de la construction, comme vous dites, qui ne l’empêche pas de mouiller sa chemise, comme on dit. Son Bertarido (c’est le concert polonais avec Gauvin, n’est-ce pas ?) est en effet phénoménal, j’y ai bien repensé au printemps dernier en m’ennuyant ferme à la Rodelinda de Londres où Iestyn Davies faisait dans l’angélique.

    Par contre, le bout de retransmission que j’ai entendu de son Orfeo de Gluck à Versailles avec Equilbey ne m’a pas convaincu, j’ai eu l’impression (peut-être fausse) qu’il lui fallait une expression plus extravertie pour être à l’aise, plus “baroque” pour aller vite. J’ai du mal, au reste, à comprendre comment on peut choisir de donner la VO de Vienne (plus anti-baroque tu meurs) si c’est pour y plaquer le show “Addio, o miei sospiri” à la fin de l’acte I, au lieu de sa conclusion superbement concise. Mais si c’est pour aller rechercher l’ombre de Marilyn Horne aux Enfers, ça s’explique. En tout cas l’Ezio de Fagioli est addictif, oui, on se roulerait dedans.

    La première fois que j’ai lu l’adjectif “trémulant”, au siècle dernier, c’était sous la plume du grand Dédé, et ce devait être dans la même page que “melliflue”.
    Dunque, signor Licida : haben Sie Aaaaaaaaaaaaaaaaacht !

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  2. licida says:

    Alors comme dirait Florent Pagny, Bienvenue chez moi, sieur Baja :o)

    Pour le “tremulant”, je n’ai pas de leçon à recevoir de quelqu’un qui utilise régulièrement le mot “fuligineux”, d’abord. #TLF #WTF

    Des Bertarido captés à la radio, j’en connais deux: celui présenté ici à Martina Franca dirigé par Fasolis où il est moyennement entouré dirons-nous et la version de Cracovie indeed dirigée par un certains Adamus et où c’est bien Karina qui rodelinde. Je préfère la direction survitaminée de Fasolis même avec des instruments modernes, mais la version de Cracovie ne démérite pas et l’orchestre y est même bien plus coloré.

    Pour l’Orfeo, je suis d’accord pour dire que cela joue un peu contre le sens de la version choisie: un peu comme si on mettait le “Se il fulmine” d’Ezio au milieu d’Alceste :o) Pour le reste du rôle, je pense surtout qu’il a encore du mal à émouvoir; un peu comme Genaux sa voix est plus spectaculaire que touchante, d’où le fait qu’ils aient ajouté le “Addio miei sospiri” pour lui permettre de briller; à mon avis ce n’est pas lié à un manque de sensibilité ou d’extraversion, mais bien au fait que sa voix est tellement éloignée du naturel que l’on a du mal à y entendre autre chose que de l’extraordinaire là où l’émotion réclame plus d’immédiateté et moins d’étonnement.

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  3. Pingback: Max-Emmanuel Cencic, ossia il Maxou | Alma Oppressa

    • licida says:

      Merci Caroline. Je me régale même si la captation sonore est vraiment mauvaise et que ça saute un peu chez moi. C’est drôle de constater à quel point il a les même mimiques que Bartoli jusque dans les ritournelles :o)

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      • Caroline says:

        🙂

        (il vaut généralement mieux attraper ces vidéos et les regarder tranquillement ensuite, on évite les sauts et avec le casque sur les oreilles, ce n’est habituellement pas trop mal… si c’est enregistré proprement ;-))

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  4. Caroline says:

    La vidéo est maintenant disponible (jusqu’à mi-mars) avec 4 airs de Porpora :

    2. Nicola Antonio PORPORA – Se tu la reggi al volo 05’30 min.
    Aria from EZIO

    3. Nicola Antonio PORPORA – Vorrei spiegar l’affanno 07’00 min.
    Aria from SEMIRAMIDE

    5. Nicola Antonio PORPORA – Torbido intorno al core 06’00 min.
    Aria from MERIDE E SELIUNTE

    6. Nicola Antonio PORPORA – Già si desta la tempesta 06’30 min.
    Aria from DIDONE ABBANDONATA

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  5. Selinunte says:

    Bonjour,

    Pour avoir vu et entendu Franco Fagioli à Versailles dans l’Orfeo, je peux vous affirmer que l’émotion était bien présente et palpable. Les captations radio ou vidéo ne restituent pas toujours le vécu et le ressenti en salle et Franco est un chanteur qu’il faut absolument écouter “dal vivo”. J’ai eu l’occasion d’assister à plusieurs de ses concerts dans des lieux et répertoires différents et chaque fois, j’ai été bluffé et enthousiasmé par ses prestations scéniques et artistiques. Il est encore jeune et a énormément évolué en peu de temps. Il peut accomplir une brillante carrière s’il est bien entouré et conseillé et s’il fait les bons choix.

    PS1 : J’étais à Vienne pour l’unique représentation du Polifemo de Porpora en version de concert et je peux vous assurer qu’à la fin de l”Alto Giove”, mes voisins pleuraient…

    PS2 : Sa voix est tout sauf séraphique et éthérée. Elle a de la chair, du grain, de l’épaisseur, de la substance.. plus vermeil que vif-argent. Il faut s’y habituer, c’est vrai mais pourquoi parler de voix “truquée” ?

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    • licida says:

      L’émotion est vraiment la composante la plus subjective, à tel point qu’on ne devrait jamais dire qu’une voix est émouvante mais plutôt qu’elle vous émeut. Dans mon cas, j’avoue être moins ému par ses lamenti qu’impressionné par ses airs de bravoure. Et cela vient sans doute de ce coté “truqué” que j’évoque.

      Evidemment on peut considérer que toutes les voix d’opéra sont truquées, aucune n’étant “naturelle” car elles demandent toutes un travail de longue haleine pour gagner en volume, couleurs, justesse etc.

      Mais certaines sont plus truquées que d’autres en ce qu’elles ne cherchent absolument pas à ressembler au naturel, c’est le cas des contraltos et de certains contre-ténors qui émettent des sons qui ne se réfèrent en rien à la vie quotidienne, on entend ça qu’à l’opéra: alors que la plupart des voix de sopranos peuvent passer des émulations d’une voix de femme ordinaire, certains contre-ténor ont une voix qui ne se base pas sur de l’ordinaire, qui est toute entière extra-ordinaire, et suscite d’ailleurs souvent l’étonnement des non-mélomanes.

      Pour tous les contre-ténors “séraphiques”, cet étonnement est d’abord du au fait que c’est “un homme avec une voix de femme ou d’enfant”, mais dans le cas de Fagioli, ça va bien au delà, car sa voix n’imite absolument pas cette base réelle qu’est la voix de l’enfance, c’est une construction qui entend reproduire l’ambitus extra-ordinaire des castrats, on entend ni l’enfant, ni la femme quand il chante, c’est un peu une voix trans-genre :o)

      D’où ce coté “truqué” que j’évoque; ce n’est en rien un jugement de valeur négatif, il ne faut pas le confondre avec “qui triche”, mais plutôt avec inventif, un peu comme le truc d’un tour de magicien.

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  6. Caroline says:

    Minjas Zugik fait de très belles photos des artistes. Voici une série sur Fagioli en septembre dernier à Londres.
    https://www.flickr.com/photos/minjaszugik/15414097286/in/set-72157647949172249/

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  7. Frédéric says:

    Salut Licida. Je suis plutôt d’accord avec roi sur Fagioli. Les moyens sont impressionnants, mais la réalisation laisse un gout d’inachevé. L’émission est très engorgée, on ne comprend pas tous les mots et cela se ressent dans l’interprétation : dans tous ses CD en dehors de l’Artaserse, je ne le trouve que très rarement émouvant. C’est dommage. Son CD Porpora prommetait beaucoup, et contre toute attente, je préfère Jaroussky, même dans le virtuose “Nell’ atendere il mio bene” de Polifemo, alors qu’il a pourtant une voix beaucoup moins puissante. Et sur l’Alto Giove, la comparaison est aussi cruelle pour Fagioli, De Marchi étant un moins bon accompagnateur que Marcon. Dommage tout de même que Marchi et Fagioli ne fasse pas ensemble le Germanico de Porpora à Innsbruck, ce sera finalement avec Hansen et Prina à la place de Fagioli et Cencic. Je ne suis même pas sûr qu’un enregistrementg soit prévu. Est-ce que tu seras à Versailles pour le Siroe de Hasse, j’y vais dimanche.

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    • licida says:

      Salut Frédéric, content de te lire de nouveau également. Pour l’élégiaque, l’apparente facilité vocale de Jaroussky introduit plus de proximité c’est certains, mais pour Nell’atendrer mio bene, je pense vraiment que c’est l’accompagnement qui sabote l’air. deMarchi a voulu en faire un air où l’espoir se questionne lui-même de façon poétique alors que la partition joue clairement la carte de l’éclat, notamment via les trompettes. Je n’aime pas beaucoup plus la version de Marcon que je trouve très brouillonne. La meilleure version que j’ai entendue était dirigée par Paul Dyer avec l’Australian Brandenburg Orchestra pour un récital que Jaroussky donnait à Melbourne en 2013: là enfin l’orchestre surgit et vrombit, mais hélas en live la voix de Jaroussky apparaît d’autant plus petite en comparaison de cette masse orchestrale. Fagioli semble par ailleurs être beaucoup plus démonstratif quand il chante cet air en concert: https://www.youtube.com/watch?v=ZND1P2WDWr4

      Non je ne serai pas au Siroe à Versailles car j’irai l’entendre à Vienne, avec Fagioli justement 😉

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